Artiste : David Lynch & John Neff
Date de sortie : 2001
Label : Soulitude Records
Durée : 60'03''
J'ai lu quelque part que David Lynch collectionnait essentiellement deux choses. Les mouches mortes et les chewing gums mâchés par ses amis. Apocryphes ? Peut-être. Le seul problème c'est que, comme souvent dans ces cas là, il est difficile de penser que cela ne pourrait pas être un petit peu vrai. Parce qu'on ne peut guère dire que les films de Lynch tiennent de la comédie romantique. Pour mémoire : Elephant Man, Mulholland Drive, Dune, Twin Peaks, Sailor et Lula, c'est lui. Même l'acteur principal d'Une Histoire Vraie se suicidera quelques temps après le tournage histoire de rester dans le ton.
Alors à quoi s'attendre quand il se met à faire de la musique ? Eh bien à retrouver son univers sombre et dérangé, son humour décapant et parfois insaisissable, et des riffs très bruts que Trent Reznor ne renierait peut-être pas.
Alors à quoi s'attendre quand il se met à faire de la musique ? Eh bien à retrouver son univers sombre et dérangé, son humour décapant et parfois insaisissable, et des riffs très bruts que Trent Reznor ne renierait peut-être pas.
Guitare franche, saturée, éraillée. Paroles moribondes, parfois très drôles (Thank You Judge), absurdes (In The Pink Western Range) ou décrivants des voyages sordides. Tout un univers Lynchien en somme que Neff reprend à son compte avec pas mal de tripes. Car Blue Bob est comme un film noir. Orchestré pour faire frémir et réfléchir, mais aussi pour montrer souffrance et sang versé. Le © annonce 2001 sur la pochette. Le premier titre s'appelle 9-1-1 le numéro des urgences aux Etats Unis, une drôle de façon d'épeller 11 septembre aussi. Chaos, décadence, Elvis bouffi s'amusant avec une perceuse sous amphet, voilà à quoi ressemble Blue Bob.
Tout dans ce disque semble expérimental et donc voué à un culte (ne parlons même pas de succès d'estime) plus qu'à un engouement populaire. Mais, contrairement à certains groupe expérimentaux, Blue Bob n'est jamais un disque ennuyeux, ni répétitif. Neff et Lynch ne cherchent pas à appliquer une recette. Chaque titre est différent des autres et s'amuse généralement d'un code musical connu qu'il détourne. Blue Horse, par exemple qui rappellent Portishead avec ses relents trip-hop, le riff archi Rock n' Roll de Bad Night, le gimmick indus de 9-1-1 ou Thank You Judge, la bande originale de film angoissant avec Mountains Falling. Quant au site Amazon, il classe l'album dans la catégorie "Symphonic" ; y'a pas à dire, c'est Mozart qui doit être content...