12 octobre 2007

La Conjuration des Imbéciles (A Confederacy of Dunces)

Auteur : John Kennedy Toole

Editeur pour la France : 10/18

Année : 1981

Un jour, John Kennedy Toole prit sa voiture, roula jusqu'à un endroit désert, s'arrêta, fixa un tuyau au bout de son pot d'échappement, relia l'autre bout du tuyau à la vitre de sa voiture et mit le contact.

Il se croyait écrivain raté parce que tout le monde avait refusé son roman, La conjuration des imbéciles, voilà peut-être l'une des raisons de son suicide.

Sa mère, à force de courage, persuadée que ce livre était une oeuvre de génie, finit par le faire publier en 1981. Résultat : Prix Pulitzer à titre posthume.

C'était bien la peine d'en finir.

La conjuration des imbéciles est un grand et gros livre. Haut en couleur comme la défunte Nouvelle Orléans, comme Ignatius J. Reilly, son personnage principal. Chantre de la mauvaise foi, énorme, et boursoufflé, comme son langage et son attitude. Médiéviste féru de Boëce et de sa consolation de la philosophie (qui est effectivement un grand livre, je vous le conseille, on y trouve ma petite devise personnelle : Superata telus, sidera donat.) prêt à tout pour libérer le monde des quasi mongoliens et des dégénérés qui le peuplent (ainsi s'exprime-t-il) défenseur agité de la morale dans une ville connue pour sa libéralité de moeurs dans l'amérique de la bible belt.

Tout se détraque dans le petit monde d'Ignatius qui squatte chez sa mère (à un âge où on a généralement quitté le nid depuis longtemps). Il passait ses journées sans sortir de sa chambre si ce n'est pour prendre des bains pendant des heures ou pour aller se repaître des films qu'il abhorre au cinéma du coin. Maintenant il va devoir travailler pour aider sa mère à payer une dette. Des pantalons Levy au Hot Dogs Paradise SA, des lettres de Mirna Minkoff au nouveau dentier de Miss Trixie, tout dans ce livre est une merveille d'invention.

Mais La conjuration des imbéciles est bien plus que ça et quelques lignes ne sauraient le décrire. Ignatius est un poème, tout comme sa mère. Tous les personnages de ce livre le sont à leur façon. Aucun ne pourrait avoir de réalité tant on est presque toujours dans le burlesque le plus drôle qui soit.

Mais, d'une certaine façon, jamais (ou rarement) personnages plus vrais n'ont été dépeints.Alors on n'a qu'une envie, relire ce livre. Ou s'imaginer le formidable road movie qui aurait pu en être la suite.