Pour en finir avec cette journée Zeppelinienne, voici une petite revue du concert de Robert Plant à l'Olympia de Paris. C'était il y a un peu plus de deux ans déjà.
Autant vous le dire tout de suite, la strange sensation de ce soir viendra d'abord de sa première partie. En effet, les petits gars (façon de parler quand on voit le bassiste) de The Legendary Shack Shakers tout droit arrivés du Kentucky vont chauffer là salle... hemm... à leur façon.
D'abord en faisant un boucan d'enfer. Tellement qu'on se demande pourquoi les musiciens se donnent la peine de faire des backing vocals puisqu'on est déjà bien en peine d'entendre le chanteur (complètement déjanté) et de comprendre le moindre mot de ce qu'il veut bien raconter. Il y met pourtant force gestes, le bougre, pour faire passer la beauté de ces textes (dont on se doute qu'ils n'ont aucun rapport avec la transumence des pingouins lors de la fonte de la banquise ou le taux de change du yen le vendredi après midi au palais Brognard... c'est heureux cela dit...) Un tel boucan qui fait aussi, hélàs, qu'on ne fait pas vraiment la différence entre un titre et un autre.
Cela dit, ces types dégagent quelque chose. Mais quoi ? là est la question... Que dire lorsque le chanteur habillé en tyrolien, by the way, s'arrache à deux reprises les poils du ventre pour les envoyer en gerbe sur le premier rang ? On reste dubitatif... On n'est beaucoup moins inquiet finalement quand il balance de l'eau, des confettis ou qu'il se jette dans le public... Mais que penser si ce n'est que cette rage bienvenue y gagnerait un tout petit peu si leur musique était un peu plus audible pour ne pas dire lisible ?
Quoi qu'il en soit, vous trouverez sur leur
site officiel quelques extraits de leurs exploits en téléchargement libre.
Le groupe sort de scène et on retient son souffle. Pour les pauvre mecs dans mon genre qui ont raté la tournée Page / Plant consécutive à l'album
Unledded, c'est l'occasion ou jamais de voir Plant et tout ce qu'on espère, c'est qu'il sera à la hauteur. Bien sûr qu'on a écouté le Live au studio 104 de la Maison de Radio France, bien sûr qu'il y aura du Led Zep, on ne claque pas 45 euros pour écouter son nouvel album, si sympathique soit il, bien sûr qu'on prendrait bien une tranche de
Whole Lotta Love...
En attendant, les roadies déroulent les tapis et allument du Nac Shampa un peu partout... Il est loin le temps de Peter Grant où les saladiers de poudre étaient planqués derrière les futs de Bohnam...
Le groupe prend place. On attend plus que Robert, qui arrive, du fond de la scène, au milieu, presque à quatre pattes genre "Coucou, je vous ai bien eu..." pour entonner un titre de son nouvel album,
Tin Pan Valley, qui ne ferait pas déplacer les foules mais n'est pas sans qualité non plus. Une ambiance étrange se dégage du titre grace à une ligne mélodique au clavier assez tortueuse et donc, réjouissante.
La chanson suivante en revanche réveille de vieux et bons souvenir
Black Dog, comme les autres titres de Led Zeppelin a été pas mal réarrangé (par un mighty rearranger of course) mais perd carrément en puissance.
Bien sûr, il y a Robert, très en forme et visiblement heureux d'être là, de faire ce qu'il fait (rien avoir avec
Dylan 6 jours plus tôt). Sa voix est un peu plus grave qu'il y a 30 ans aussi. Le seul problème venant du fait que le riff de
Black Dog se trouve dangereusement affaiblit, une structure de fil de fer bidouillée qui fait perdre presque toute sa puissance et tout équilibre au titre. Dommage.
Le titre suivant
Freedom Fries dénonce probablement les débilités orweliano-bushistes qui rebaptisent les french fries parce que le mot french est devenu inacceptable dans certaines sphères. Passons.
De même,
Seven and Seven is... 14 mon général me direz vous et vous aurez raison. Mais je n'ai pas vraiment de souvenir de ce titre si ce n'est qu'il est une reprise (de qui ?). Désolé, le grand âge sans doute. Ce même grand âge qui me fait soulever une oreille dès les premières mesures de
Going To California extrait de
Led Zeppelin IV bien sûr. Un bon moment que ce titre, pas aussi scintillant qu'avant certes... il manque Page tout bêtement, c'est aussi simple et aussi compliqué que ça... mais tout de même, quel plaisir...
Another Tribe extrait du nouvel album se défent pas mal lui aussi. Mais lorsque le groupe se met à reprendre
Four Sticks, on a tôt fait de l'oublier. Là encore, un petit pincement au coeur, et beaucoup de strange sensations, et de souvenirs... comme si cette chanson avait toujours fait partie de ma vie, alors qu'elle a du m'accompagner "seulement" la moitié... Vient une reprise de
Hey Joe surprenante. Boucle au clavier étranges et décharnées. Rythme lent... Certes cette reprise surprend moins que lorsque Page et Plant reprenait
Lullaby de
Cure sur scène, mais tout de même.
Shine It All Around, dans la veine du reste du nouvel album est de bonne tenue. Mais, le parti pris de mêler pratiquement à égalité, un titre sur deux, nouvelles compositions et triomphes intergalactiques du défunt zeppelin finit par noyer la nouveauté. Il aurait mieux valu commencer d'entrée avec
Whole Lotta Love histoire de chauffer la salle à blanc et d'avoir toute l'attention tout de suite, puis continuer avec 3 ou quatre titres du nouvel album, une ou deux reprises bien senties, et puis envoyer la sauce une bonne fois pour toute en gardant le plus tubesque pour la fin... Mais bon que voulez vous mon bon monsieur, ces fans, y sont jamais contents...
Tout ça pour dire que c'est carrément
Gallows Pole qui décolle ensuite. Suivi de
When The Levee Breaks. Et vlan, dans ta face... Oui môssieur, Robert Plant il sait encore le faire et il le prouve.
Mais trop tôt, il tire sa révérence et nous gratifie d'un "à la prochaine fois" en français dans le texte. Le groupe sort. Alors que c'est là qu'on voudrait déespérément des watts et du zeppelin...
Le groupe revient avec...
The Enchanter... un rien décevant dans la mesure où on est bien chaud pour du plus lourd et du plus sérieux... suit un snipet de
Hootchie Coochie Man qui se transforme bientôt en un bredouillage familier :
You need to coolin'... et un
Whole Lotta Love bien senti et bien tapé. Pas de réarrangement sur celle ci, un son bien pagien comme on les aime et comme on en aurait voulu un peu plus souvent, et la foule en quasi délire... un seul regret, le solo complètement escamoté, comme si on ne pouvait toucher aux sacro saintes parties de bravoure de Page.
Le groupe s'en va, Plant salue, rideau.
En bref, un concert qui valait la peine d'être vu (Un chanteur en forme et qui s'amuse) malgré un groupe un rien en retrait (quoiqu'à l'aise avec Plant) qui reprend un peu trop frileusement certaines compositions... Ah ces fans...
Le groupe :
Robert Plant, Vocals (et tambourin pour le fun puisqu'il tapotte souvent à 5 mètres du micro dans le feu de guitares électriques)
Billy Fuller, Basse
Liam Tyson, Guitare (Cast).
Justin Adams, Guitare (Jah Wobble)
John Baggot, Claviers (Portishead)
Clive Deamer, Batterie (Portishead, Ronnie Size, Dr John, Jeff Beck).
La Set List :
Tin Pan Valley
Black Dog
Freedom Fries
Seven and Seven Is
Going To California
Another Tribe
Four Sticks
Hey Joe
Shine it All Around
Gallows Pole
When The Levee Breaks
Rappels:
The Enchanter
Mannish Boy/Hoochie Coochie Man/Whole Lotta Love