9 octobre 2007

Kid A

En attendant la sortie de In Rainbows prévue demain (si tout se passe bien et que les serveurs de W.A.S.T.E n'implosent pas sous le poids de la demande) voici la chronique de Kid A, quatrième album du combo oxfordien le plus célèbre du monde.

Artiste : Radiohead

Label : Parlophone/ EMI

Date de sortie : 3 octobre 2000

Durée : 49'52''

Après avoir trusté les charts avec Ok Computer, en 1997, Radiohead aurait pu choisir de s'encrouter et de passer deux ou trois ans à pondre une suite clonesque et clownesque de leur chef d'oeuvre.

Ce serait mal connaître les cinq oxfordiens. Après tout, malgré le succès intergalactique de Creep (le pendant anglais à Smells Like Teen Spirit selon certains), le groupe avait su aller de l'avant pour son deuxième album The Bends et s'affranchir de bon nombre de gimmicks de petit groupe "garage" qui a fait un tube.

Déjà, les mélodies rock se faisaient plus subtiles, laissant traîner ça et là des pointes mélancoliques inquiétantes (Street Spirit (Fade Out) montrait déjà une maîtrise dans la composition assez ahurissante, Fake Plastick Trees). Ok Computer, poussait encore plus loin ces shémas et apportait justement un contenu numérique (et électronique) à une musique analogique (guitare, basse, batterie, voix).

A ce sujet, le titre le plus expériemental, Fitter Happier est un modèle du genre. D'autres titres, comme Paranoid Android, montrait un groupe au sommet pour ce qui est de bidouiller et arranger ensemble des bribes de morceaux et en faire une vraie grande chanson. (Et certains de dire qu'on avait plus vraiment vu ça depuis les Beatles). Et puis, les tubes étaient là, pour ne rien gâcher : Karma Police, No Surprises...

Mais on pouvait déjà lire en filigrane que les désarrois de Thom Yorke ne se satisfairaient pas longtemps de cet état de fait musical.

Il déclarera à la sortie de Kid A qu'il n'avait eu aucune envie de faire un Karma Police 2 et que, de toute façon, le groupe n'était pas à vendre. La preuve ? pas de single extrait de l'album. Pas de clip non plus, mais des Blips (petites vidéos expérimentales de quelques secondes). Personne ou presque ne pu les voir puisque les chaînes de télé demandaient à être rémunérées pour les diffuser, les considérant comme des publicités. Heureusement, merveille de la technique moderne, vous pouvez en voir quelques une ici. Merci Youtube.

Bref, le groupe semblait promis à un joyeux suicide commercial. Pour éviter tout piratage, l'album était envoyé aux journalistes dans un lecteur spécial impossible à ouvrir, et, comble de tout, une partie du pressage européen fut retiré de la vente dès le jour de sortie pour défaut de fabrication. Impossible de passer d'une piste à l'autre, ou alors en tombant n'importe où dans le disque, un merveilleux et incroyable cafouillage. j'ai quelques amis qui on gardé le leur (Grave collector, tu vois, genre, quoi.)

Et la musique dans tout ça ? Paroles sybillines, pour ne pas dire incompréhensibles. Presque pas de guitares, ou tellement détournées et trafiquées qu'elles sont méconnaissables. Beaucoup de sons synthétiques. Jonny Greenwood affectionne particulièrement (notamment sur scène) les effets loop directs et les amplificateurs et traficoteurs en tout genre. Sans compter que Thom prétend que quand Johnny fait une fausse note sur scène, il s'évertue à la reproduire pour faire croire que c'était fait exprès.

Et puis, rien qui aurait pu faire un single évident de toute façon. Du coup, quelques radios aventureuses (dont Lenoir sur Inter) nous faisaient découvrir les morceaux un peu comme ils venaient et ça faisait du bien de ne pas résumer un nouvel album à Un titre. Canal nous gratifiait d'un mini live de deux titres à la fin de feu NPA : Idioteque et Morning Bell qui déménageait bien et on se demandait vraiment où ces gars là avaient été chercher tout ça.

Bref, Kid A est un joyeux mélange (qui a été numéro un peu partout finalement à la surprise générale et surtout à celle du groupe). C'est surtout un album à part. Plus dense que Amnesiac qui le suivra neuf mois plus tard. Sombre et riche d'envolées contrôlées mais étranges (comme la fin de National Anthem qui peut faire penser à A Day in the Life) et de choeurs qui n'en sont pas (Optimistic et Motion Picture Soundtrack et leurs ondes Martenot comme dans le générique de Star Trek). C'est un grand album comme on aimerait en écouter plus souvent.

Ecoutez Everything in its Right Place :




Ecoutez The National Anthem :



Et regardez quelques Blips :